Un fonds africain pour relancer les start-up : une nécessité pour l’avenir du continent
- 10 décembre 2024
- Publié par : WebTeam Master
- Catégorie : Economie
En janvier 2024, une étape majeure a été franchie avec l’annonce de la collaboration entre les pays africains et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) en vue de la création d’un fonds d’un milliard de dollars destiné à soutenir les start-up du continent. Aujourd’hui, cette initiative trouve un nouvel élan grâce à un appel à la création d’un fonds africain spécifique pour les start-up, lancé par les ministres africains chargés des Télécoms.
Cette résolution a été au centre des discussions lors de la 3e Conférence africaine des start-up, tenue du 5 au 7 décembre à Alger, en Algérie. L’objectif affiché est clair : stimuler l’innovation, renforcer l’écosystème entrepreneurial et réduire la dépendance aux fonds étrangers qui domine actuellement le paysage des financements en Afrique.
Un contexte financier en mutation
L’appel à la création de ce fonds intervient dans un contexte économique complexe. Depuis 2022, les levées de fonds des start-up africaines ont connu un net ralentissement. Selon Partech Africa, les montants levés sont passés de 5,243 milliards de dollars en 2021 à 2,3 milliards de dollars en 2023, soit une chute de 56,13 %. En parallèle, le nombre d’opérations de financement a également diminué, passant de 681 deals en 2021 à seulement 473 en 2023.
Les raisons de ce repli sont multiples : la hausse des taux directeurs des Banques centrales aux États-Unis et en Europe, la correction des marchés financiers ainsi que la raréfaction des mégadeals. Cette situation met en lumière la nécessité pour l’Afrique de trouver des solutions autonomes et durables pour financer son économie innovante.
Une domination étrangère dans le capital-risque
Un autre élément marquant de l’écosystème entrepreneurial africain est la prédominance des fonds étrangers dans le financement des start-up. Le rapport « Future of Fintech : Africa », publié en mai 2024, révèle que 89 % du capital-risque injecté dans les start-up africaines proviennent de l’étranger. Par exemple, au stade d’amorçage, cinq des dix investisseurs les plus actifs sont basés aux États-Unis, au Royaume-Uni et au Japon.
Au niveau du capital-risque pour les entreprises en phase de maturation, seul Admaius Capital Partners, du Rwanda, figure parmi les dix premiers investisseurs africains. En capital-investissement, Leapfrog et Ethos Private Equity, basés en Afrique du Sud, sont les rares présences africaines dans le top 10 mondial.
Un espoir pour l’autonomie financière des start-up africaines
La création d’un fonds africain pour les start-up représente une opportunité unique de changer cette dynamique. En favorisant un financement endogène, ce fonds permettra non seulement de renforcer l’écosystème entrepreneurial mais aussi de réduire la dépendance aux capitaux étrangers.
En outre, un plan d’action à l’horizon 2063 a été adopté lors de la Conférence africaine des start-up. Ce plan vise à aligner les efforts du continent sur les Objectifs de développement durable (ODD) tout en créant un environnement propice à l’épanouissement des jeunes entreprises technologiques.
Les ministres des Télécoms ont par ailleurs souligné l’importance de mobiliser les moyens technologiques et numériques pour réaliser une transition durable, à même de positionner l’Afrique comme un acteur majeur de l’économie numérique mondiale.
La mise en place d’un fonds africain pour les start-up constitue une étape essentielle vers une autonomie financière accrue et un écosystème entrepreneurial plus solide. En favorisant l’innovation locale et en réduisant la dépendance aux capitaux étrangers, cette initiative pourrait transformer le paysage économique africain et permettre au continent de relever les défis de demain.
Par Mariane LENGUIONG