Pain, blé et importations massives : L’Afrique peut-elle cultiver sa propre résilience ? Cas du Ghana
- 19 décembre 2024
- Publié par : Publisher Cyber
- Catégorie : Agriculture Agroécologie Playdoyers et Lobbying
Le Ghana importe 100 % de son blé, mais des initiatives ailleurs en Afrique et des solutions agroécologiques montrent une voie possible vers l’autonomie.
Un blé omniprésent, mais entièrement importé
Au Ghana, le blé joue un rôle central dans l’alimentation quotidienne, en particulier dans la production de pain. En 2024/2025, la consommation nationale devrait atteindre 865 000 tonnes, faisant du Ghana le second consommateur de blé en Afrique de l’Ouest après le Nigeria. Cependant, le pays affiche une dépendance totale aux importations, une réalité coûteuse et vulnérable aux aléas mondiaux.
Cette dépendance s’accompagne d’enjeux complexes :
- Une facture d’importation élevée, fragilisant l’économie nationale.
- Une vulnérabilité accrue face aux crises internationales, comme la pandémie ou la guerre en Ukraine.
- Une absence d’investissements locaux pour développer des filières céréalières alternatives.
« In Bread We Trust », disent les consommateurs ghanéens, témoignant de l’importance du blé dans leurs habitudes alimentaires.
Le Cameroun montre la voie pour la production de blé en Afrique
Si le Ghana est confronté à des contraintes climatiques, des initiatives ailleurs sur le continent, comme au Cameroun, démontrent qu’il est possible de produire du blé en Afrique.
Le Cameroun, fort de ses cinq zones agroécologiques, mène des expérimentations de semences adaptées non seulement sur son sol, mais aussi dans des pays voisins comme le Tchad et le Gabon. Ces efforts sont pilotés par l’Institut de recherche agricole pour le développement (IRAD) et soutenus par le réseau collaboratif WecaWheat, qui regroupe 52 pays africains.
Selon Eddy Ngankeu, conseiller technique au Ministère de la Recherche scientifique et de l’innovation, « Le Cameroun pourrait devenir le hub de la production de blé en Afrique centrale, grâce à son expertise et ses conditions agroécologiques variées. »
Avec près de 300 hectares déjà cultivés et une cinquantaine de variétés de semences développées, le Cameroun ambitionne de maîtriser toute la chaîne de valeur du blé et de réduire sa dépendance aux importations.
Produire plus avec moins : une alternative durable
Le guide FAO, “Produire plus avec moins”, propose des modèles de production céréalière durable adaptés aux conditions locales. Ces approches pourraient être transposées au Ghana et ailleurs en Afrique pour :
- Améliorer les rendements sans dégrader l’environnement, grâce à des pratiques comme l’agriculture de conservation.
- Diversifier les cultures et les variétés pour accroître la résilience face aux changements climatiques.
- Utiliser des technologies comme le labour zéro et les rotations culturales, réduisant les coûts tout en améliorant la fertilité des sols.
Par exemple, en Afrique australe, l’intégration de légumineuses dans les rotations céréalières a permis d’enrichir les sols en azote, augmentant ainsi les rendements du blé.
Et maintenant quelle stratégie pour l’Afrique ?
Le débat sur la culture du blé en Afrique met en lumière deux visions opposées :
- Maintenir les importations pour répondre immédiatement à la demande croissante de pain, tout en diversifiant les sources d’approvisionnement.
- Investir dans la production locale et les alternatives agroécologiques, en valorisant des céréales traditionnelles comme le fonio ou le mil.
Citations :
“L’Afrique a le potentiel d’être autosuffisante en blé, mais cela nécessite une volonté politique forte et des investissements conséquents.” – Jean Luc Chotte, chercheur.“Les céréales locales, bien adaptées à nos climats, offrent une solution durable pour réduire notre dépendance.” – Oumarou Malam Issa, expert agroécologique.
Une résilience alimentaire à construire
Le cas du Ghana illustre les défis d’une dépendance massive aux importations de blé. Si des pays comme le Cameroun ouvrent des perspectives prometteuses pour la production locale, le Ghana pourrait bénéficier d’un investissement dans des solutions agroécologiques, tout en adaptant des pratiques agricoles innovantes et durables.
La souveraineté alimentaire de l’Afrique repose sur une stratégie équilibrée entre importations, production locale et valorisation des savoirs traditionnels.
Ouvrons le Débat
👉 Et vous, qu’en pensez-vous ?
Dans un continent où l’importation de blé pèse lourdement sur les économies nationales, il est temps de se poser des questions fondamentales :
- Le blé peut-il devenir une culture viable en Afrique ? Des initiatives comme celles du Cameroun montrent qu’avec de la recherche et des investissements, la production locale de blé est possible. Mais est-ce une priorité stratégique pour répondre aux besoins alimentaires du continent ?
- Les céréales locales sont-elles la clé d’une résilience alimentaire durable ? Le mil, le fonio, le sorgho ou encore le niébé sont des trésors agricoles africains. Leur adaptation aux climats locaux et leur faible besoin en intrants en font des candidats idéaux pour nourrir durablement les populations.
Apprendre à consommer ce que notre terre produit : une piste pour l’avenir
Et si la solution résidait dans un changement de paradigme ? Plutôt que de tenter de produire ce que nous consommons déjà massivement comme le blé, pourquoi ne pas apprendre à consommer davantage ce que nos terres produisent naturellement ?
- Les céréales locales, riches en nutriments, peuvent être intégrées dans nos régimes alimentaires de manière créative et adaptée.
- Promouvoir une alimentation locale permettrait de réduire la dépendance aux importations tout en valorisant nos agriculteurs et nos savoirs traditionnels.
- Les pays africains pourraient également développer des campagnes de sensibilisation pour encourager une consommation consciente et responsable des ressources locales.
“La souveraineté alimentaire commence par un retour à nos racines agricoles et culinaires.”
Partagez votre opinion :
💡 L’Afrique doit-elle continuer à importer massivement du blé ou investir dans sa production locale ?
💡 Les céréales locales peuvent-elles remplacer des produits comme le blé dans nos habitudes alimentaires ?
💡 Comment éduquer les populations à valoriser ce que nos terres produisent déjà ?
Votre avis compte. Engageons-nous ensemble pour construire un modèle agricole et alimentaire plus autonome, durable et résilient pour l’Afrique.
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Claire Libam