L’authenticité africaine : un enjeu majeur pour les œuvres culturelles
- 9 décembre 2024
- Publié par : WebTeam Master
- Catégorie : Culture et Identité Africaine
L’industrie culturelle africaine est en pleine effervescence. Cependant, une tendance inquiétante se dessine : la quête effrénée d’une “universalité” qui, bien souvent, se traduit par une dilution des spécificités culturelles africaines. En d’autres termes, pour séduire un public international, de nombreux créateurs sont tentés de gommer les particularités qui font la richesse et l’originalité de leurs œuvres.
Le piège de l’universalité
La notion d’universalité, souvent invoquée pour justifier cette tendance, est un concept complexe et polysémique. Si l’aspiration à toucher un public mondial est légitime, elle ne doit pas se faire au détriment de l’identité culturelle. En effet, c’est précisément cette singularité qui permet aux œuvres africaines de se démarquer et de susciter l’intérêt.
L’exemple de la série togolaise “Ahoe” est éclairant : son succès repose sur son ancrage dans la culture Mina, et non sur une adaptation aux standards internationaux. En cherchant à plaire à tous, on risque de ne plus plaire à personne.
Les enjeux de l’authenticité
- La préservation des identités culturelles : Chaque culture africaine possède ses propres codes, ses propres histoires. Ces éléments sont essentiels à la construction d’une identité collective et à la transmission du patrimoine.
- La valorisation des talents locaux : En mettant en avant les spécificités culturelles, on valorise les talents locaux et on contribue à renforcer l’économie créative africaine.
- La lutte contre les stéréotypes : En évitant les clichés et en proposant des représentations authentiques, les créateurs africains peuvent contribuer à déconstruire les stéréotypes négatifs qui persistent sur le continent.
Quelles solutions ?
- Trouver le juste équilibre : Il s’agit de trouver un équilibre entre l’universalité et l’authenticité. Les œuvres africaines peuvent être à la fois originales et accessibles à un public international.
- Soutenir la création locale : Les États et les institutions culturelles doivent soutenir la création locale en mettant à disposition des moyens financiers et en favorisant les échanges entre les créateurs.
- Développer les réseaux de distribution : Il est essentiel de développer des réseaux de distribution efficaces pour permettre aux œuvres africaines de circuler à l’échelle internationale.
L’Afrique regorge de talents créatifs qui ont la capacité de produire des œuvres d’une grande richesse et d’une grande diversité. Il est temps de mettre fin à cette quête illusoire d’une universalité qui passe par la négation de soi. En assumant pleinement leur identité, les créateurs africains peuvent non seulement conquérir le cœur du public international, mais aussi contribuer à façonner un monde plus juste et plus respectueux de la diversité culturelle.
Par Mariane LENGUIONG