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[Épinglé] Réflexions sur les valeurs Africaines

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(@gabriel)
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Début du sujet  

"Le projet Développer l'Afrique Autrement doit avoir des RACINES africaines. Nous devons les trouver.
Quand on parle valeurs africaines, quelles sont-elles ?"

FV

Suite à la question posée, je vous propose ma réflexion personnelle sur le sujet des valeurs en Afrique.

La question des valeurs a été abondamment abordée par divers auteurs et chercheurs depuis plus d’un demi-siècle. Mais à mon avis, elle est loin d’avoir été circonscrite. Il y a eu beaucoup de travaux et recherches qui ont permis de découvrir beaucoup de choses importantes et précieuses, mais la vague de ces chercheurs-découvreurs sur les cultures africaines semble s’être éteinte avec la génération des années soixante.

Et beaucoup de ceux qui s’y sont lancés dans ces études par la suite, l’ont fait sans pouvoir éviter les écueils préliminaires que les précurseurs avaient su esquiver.

Le premier de ces écueils est celui de l’Afrique plurielle

L'Afrique dans les discours et les écrits généraux est très souvent présentée comme une unité culturelle, géographique etc. la réalité factuelle est qu’il y a plusieurs Afriques, en fonction de là où on se trouve et de ce qu’on veut regarder.
Ne pas prendre cela en compte dans sa démarche crée un biais cognitif qui, malgré la bonne foi que l’on pourra avoir ou la rigueur de la méthodologie que l’on pourra observer, nos études ne pourront pas produire des résultats exploitables dans un contexte social. Parce que personne ne s’y reconnaîtra vraiment.

J’ai essayé ici de résumer la présentation ce qui peut rendre difficile l’appréhension des cultures africaines et par conséquent des valeurs africaines. Cheik Anta Diop a posé les bases d’une étude dans ce sens dans son ouvrage l’Unité culturelle de l’Afrique Noire. Il a invité à poursuivre son œuvre, mais beaucoup de ses continuateurs ont pris les hypothèses qu’il a émises comme des faits et des acquis (voire des dogmes) , ce qui a totalement biaisé la portée de leur travail, et surtout a eu comme conséquence de créer une déconnexion avec les courants véritablement porteurs de l’Afrique actuelle. Cette déconnexion a eu comme conséquence de faire naître un courant au potentiel extrémiste fort élevé: le kémitisme.

J’y reviendrai peut-être plus tard. Au sortir des indépendances nous avons eu une génération de chercheurs et penseurs, africains ou occidentaux qui ont donné le ton et posé les préalables à l’édification d’une Afrique indépendante, résiliente et autonome. Cette génération aujourd’hui perçue comme dorée semble avoir été abattue en plein vol, son travail interrompu sans être achevé, et surtout, ne semble pas avoir donné de postérité intellectuelle. Ceux qui n’ont pas été emportés par des morts souvent mystérieuses ou brutales, semblent avoir été rendus inaudibles, sans aucune influence sur les nouvelles générations..

  • Comment expliquer qu'il soit advenu une telle rapide et brutale dégénérescence du potentiel intellectuel du continent africain, notamment en Afrique subsaharienne ?

  • Comment expliquer que malgré toutes les bonnes volonté, les moyens et les énergies disponibles pour le développement de l’Afrique, tant de personnes aient assisté impassiblement à la déconstruction sociétale programmée et généralisée des jeunes nations africaines ?

  • Comment expliquer qu’il y ait eu et qu’il y a encore si peu d’actions concrètes pour contribuer à l’édification d’un socle culturel fort  pour porter et soutenir les efforts de développement des nations africaines?

Ce sont des aspects stratégiques essentiels qui n’ont pas été suffisamment pris en compte jusqu'ici. Et pour avoir un impact significatif, il faudra remplir ces exigences préalables.

J’ai souhaité rappeler ces éléments car il me semble qu’il y a des actions essentielles à poser à ce niveau pour avoir la capacité de changer les paradigmes des actions de terrains.

Voici tout de même la réponse à mes investigations personnelles sur la questions des valeurs africaines.

J’ai cherché à identifier de manière verticale les valeurs  consensuelles qui se dégagent à l'intérieur d’une aire culturelle et géographique donnée. Ensuite j’ai essayé de croiser cette approche de façon transversale en rapprochant les valeurs qui se dégageaient de plusieurs aires culturelles pour identifier les idées similaires. Et ensuite j’ai retenu celles qui m’ont semblé les plus fortes selon une approche de hiérarchisation basée sur le fait d’être portées ou soutenues par une ou plusieurs institution traditionnelle, rituelle ou cultuelle. sur cette base voici ma liste de valeurs.

  • La primauté de la communauté sur l’individu  (Ubuntu : “je suis parce que nous sommes”)

  • Le lien avec les ancêtres (commun et systématique à toute l’Afrique subsaharienne)

  • La Justice et la vérité (la voie de la vertu) (“Le Mbog (l’univers/ Dieu) est justice et vérité” ) la valeur de l’intégrité (Burkina-Faso)

  • La double nature de l’être humain (implicite et sous-jacente à tous les rites, croyances, traitement ou coutumes)

  • Le respect de la vie et de la dignité humaine (Voir la charte du Mandé)

  • Le caractère sacré de la famille (cellule de la communauté)

  • Le respect de la Nature, car la nature est vivante

 

Ce sont les 7 idées qui selon moi représentent le système des valeurs fondamentales africaines. Elles peuvent être formulées ou présentées différemment en fonction des cultures, mais représentent tout de même les constantes les plus fortes dans les mœurs et la pratique, même quand cela n’est pas formulé.
A partir des ces valeurs racines naissent ou découlent un grand nombre d’autres valeurs variables en fonction des régions. 

Au plaisir de lire ce que vous en pensez.

Paul Gabriel FOLEU


   
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