Réinventer l’agriculture au Cameroun : Un laboratoire vivant pour une production vivrière durable
- 27 novembre 2024
- Publié par : WebTeam Master
- Catégorie : Agriculture
Dans la commune de Ntui, au Cameroun, une initiative prometteuse est en train de redéfinir les pratiques agricoles. Le Laboratoire Vivant d’Agriculture Durable (LVAD), lancé le 4 novembre 2024, adopte une approche révolutionnaire pour répondre aux défis environnementaux et socio-économiques de l’agriculture vivrière.
Un projet ancré dans les réalités locales
Face à la pression foncière croissante et à la déforestation dans la région, les agriculteurs sont contraints d’intensifier leur production, souvent au détriment de l’environnement. Le LVAD répond à ce problème en plaçant les producteurs eux-mêmes au centre de la recherche. L’objectif : concevoir ensemble des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement et adaptées aux spécificités locales.
Ce projet collaboratif, soutenu par des partenaires tels que l’IRAD, le Cirad, l’IITA et l’Université de Yaoundé I, bénéficie d’un financement de 65 000 € de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Pendant deux ans, il visera principalement les cultures vivrières comme les tubercules, les céréales et les légumineuses.
Une recherche participative et innovante
Ce qui distingue le LVAD, c’est son approche participative. Contrairement aux laboratoires traditionnels, les laboratoires vivants impliquent directement les agriculteurs, les scientifiques et les communautés locales dans la co-création de solutions. Cette méthodologie mise sur la richesse des savoirs locaux combinés aux connaissances scientifiques pour développer des pratiques agroécologiques éco-innovantes.
Les expérimentations menées dans le cadre du projet s’inspirent des enseignements du programme CANALLS, déjà actif dans la région pour améliorer les systèmes cacaoyers. Désormais, les producteurs vivriers bénéficieront d’un accompagnement similaire pour tester des solutions en conditions réelles.
Des objectifs concrets pour un impact durable
Le LVAD poursuit trois objectifs principaux :
- Co-concevoir des solutions agricoles éco-innovantes adaptées aux réalités locales, grâce à une collaboration entre agriculteurs, chercheurs et autres parties prenantes.
- Évaluer les performances des pratiques expérimentées sur des dimensions environnementales, économiques et sociales, garantissant leur pertinence et durabilité.
- Diffuser les innovations développées, pour inciter d’autres régions à adopter ces approches.
Les défis et les opportunités
Une enquête socio-économique réalisée auprès de 138 producteurs a mis en lumière des problématiques clés :
- Baisse de la fertilité des sols,
- Manque de main-d’œuvre,
- Changements climatiques,
- Bioagresseurs et pourriture des cultures,
- Indisponibilité des semences.
Ces défis soulignent l’urgence de trouver des alternatives durables. En offrant une plateforme de collaboration et d’expérimentation, le LVAD ambitionne de transformer ces obstacles en opportunités d’innovation.
Un modèle pour l’avenir
Selon Eunice NDO, cheffe de la station IRAD de Mbalmayo, « Ntui servira d’exemple, et les solutions durables résultant de cette co-création pourront être exportées vers d’autres départements. »
Le LVAD ne se contente pas de répondre aux besoins locaux. Il propose une vision globale pour une agriculture durable, capable d’assurer la sécurité alimentaire tout en préservant les ressources naturelles et les écosystèmes.
Pourquoi les laboratoires vivants sont-ils essentiels ?
Contrairement aux démarches classiques, les laboratoires vivants offrent :
- Une collaboration interdisciplinaire, impliquant agriculteurs, chercheurs et décideurs locaux,
- Une innovation contextuelle, basée sur les besoins et les ressources spécifiques d’une région,
- Un apprentissage collectif, où les résultats bénéficient à l’ensemble de la communauté.
Le Laboratoire Vivant d’Agriculture Durable de Ntui n’est pas seulement une initiative locale : c’est une voie d’avenir pour l’agriculture africaine. En misant sur l’intelligence collective et des pratiques respectueuses de l’environnement, il montre comment co-construire un modèle agricole résilient, durable et inclusif, bénéfique pour les populations locales et l’environnement mondial.
Par Mariane LENGUIONG