Jean-Charles Sossou : L’Agroécologie comme Moteur de Développement Durable au Togo
Dans un contexte où les défis environnementaux et agricoles sont de plus en plus pressants en Afrique subsaharienne, un jeune Togolais, Jean-Charles Sossou, se distingue par son engagement envers l’agroécologie, une méthode de production agricole durable et respectueuse de l’environnement. À travers son initiative, l’Ecole Paysanne d’Agroécologie (EPA), il aide des milliers de paysans à adopter des pratiques qui restaurent les sols, améliorent les rendements agricoles et préservent la biodiversité tout en favorisant une alimentation saine. Son parcours et ses actions témoignent de l’importance de l’agroécologie dans le combat pour la sécurité alimentaire, la résilience face aux changements climatiques, et la préservation des ressources naturelles en Afrique.
L’Agroécologie : Une Passion de Toujours
Jean-Charles Sossou, agronome de formation, a grandi dans un environnement où la passion pour la nature et l’agriculture était omniprésente. “Depuis mon enfance, j’ai été immergé dans l’agriculture, au contact de la terre et des animaux”, explique-t-il. Ce lien profond avec la nature a été renforcé au fil des années, notamment grâce à ses études à l’École supérieure d’agronomie (ESA) de Lomé et ses expériences bénévoles auprès d’associations agricoles.
L’agroécologie, selon lui, est bien plus qu’une technique agricole : c’est une philosophie qui respecte les équilibres écologiques et promeut l’utilisation de ressources naturelles renouvelables. “L’agroécologie permet d’améliorer la fertilité des sols et les rendements agricoles tout en garantissant des produits sains et une meilleure nutrition”, affirme-t-il. Loin d’être une solution éphémère, cette approche représente selon lui la voie vers une agriculture durable, capable de répondre aux défis environnementaux et de lutter contre les dérives de l’agriculture industrielle, trop dépendante des produits chimiques.
L’Ecole Paysanne Agroécologique : Une Formation Innovante
En 2021, Jean-Charles Sossou a lancé l’Ecole Paysanne Agroécologique (EPA), une école itinérante dont l’objectif est de former les paysans et techniciens agricoles à des pratiques respectueuses de l’environnement. Avec cette école, il offre une alternative aux méthodes agricoles conventionnelles et œuvre pour la restauration des sols, l’augmentation des rendements agricoles et l’amélioration de la sécurité alimentaire.
L’EPA propose un programme diversifié, allant de la gestion durable des terres et de l’eau à la production de biofertilisants, en passant par l’agroforesterie, la régénération des sols, et l’élevage amélioré. “L’idée est de partager des savoirs pratiques, adaptés aux réalités locales, afin d’aider les paysans à améliorer leurs techniques de production tout en préservant la biodiversité”, précise Sossou.
Au-delà de la formation directe, l’un des objectifs phares de l’EPA est de créer un réseau de formateurs locaux. Une fois formés, les participants deviennent à leur tour des ambassadeurs de l’agroécologie, transmettant leurs connaissances au sein de leurs communautés et renforçant l’impact de l’initiative. “L’agroécologie est un mouvement qui se construit de manière collective. Il ne s’agit pas seulement de former, mais aussi de créer des leaders communautaires capables de porter ce changement”, explique Sossou.
Des Résultats Concrets et Une Demande Croissante
L’impact de l’EPA est déjà mesurable. En quelques années, plus de 2 000 paysans ont bénéficié de cette formation, avec des résultats notables sur la production et la gestion des sols. Des pratiques telles que l’utilisation de compost, l’agroforesterie, la régénération naturelle assistée, et l’usage de biofertilisants ont permis à de nombreux agriculteurs d’améliorer leurs rendements et de restaurer des sols dégradés.
Les témoignages des agriculteurs formés à l’EPA illustrent bien cette transformation. “Grâce aux formations, j’ai pu améliorer mes rendements et éviter les produits chimiques. Aujourd’hui, je produis des engrais naturels et je partage ces connaissances avec d’autres producteurs de ma communauté”, déclare Sakpa Mawumalo, un agriculteur formé à l’EPA.
L’expérience d’Akiza Gnassingbe, agricultrice à Sanda Kagbanda, est également parlante. “Avant, nous dépensions énormément pour acheter des engrais chimiques. Aujourd’hui, nous produisons nos propres engrais organiques et avons constaté des rendements supérieurs et des sols plus sains”, témoigne-t-elle.
Reconnaissance et Perspectives d’Avenir
L’impact de l’engagement de Jean-Charles Sossou dans la promotion de l’agroécologie a été reconnu à l’échelle nationale et internationale. En 2023, il a reçu le Trophée Initiatives Climat Afrique Francophone (ICAF) pour son travail en faveur de l’agroécologie. D’autres prix, tels que le Prix du Meilleur Projet de Promotion de l’Agriculture Écologique et Biologique en 2024, viennent confirmer la pertinence et l’efficacité de son approche.
Malgré ces succès, Jean-Charles Sossou reste lucide sur les défis qui persistent, notamment en termes de financement et de soutien institutionnel. “Pour pérenniser et étendre l’initiative, un appui financier et technique est crucial”, précise-t-il. Il poursuit sa quête pour obtenir les ressources nécessaires pour garantir la durabilité de l’EPA et de ses projets à long terme.
Une Agence de Changement Durable
À travers son engagement en faveur de l’agroécologie, Jean-Charles Sossou incarne la vision d’une agriculture africaine respectueuse de l’environnement, capable de nourrir les populations tout en préservant les ressources naturelles. En formant des paysans à des pratiques agricoles durables et en créant des leaders locaux dans le domaine de l’agroécologie, il contribue activement à la souveraineté alimentaire et à la résilience des communautés face aux défis du changement climatique.
Son initiative montre que, même à petite échelle, il est possible de transformer les pratiques agricoles et d’impacter positivement la vie de milliers de personnes, tout en protégeant l’environnement pour les générations futures. Dans un monde où la pression sur les ressources naturelles s’intensifie, l’agroécologie apparaît comme une solution clé pour un avenir agricole plus durable en Afrique.
Par Mariane LENGUIONG