Derrière les rayons de supermarchés ouest-africains remplis de produits laitiers, se cache une réalité inquiétante : l’invasion massive de poudres de lait importées, principalement d’Europe, étouffe peu à peu la production locale. Cette « menace silencieuse » met en péril tout une chaîne de valeur de la filière laitière.

C’est une nouvelle étude menée par Laurent Levard (Gret) et Christian Corniaux (Cirad), avec la participation d’Issouf Coulibaly (Gret), Marie-Christine Goudiaby (Gret) et Adrien Trouvadis (Gret), publiée en Janvier 2024, qui révèle Cette situation alarmante: les importations massives de lait en poudre, principalement en provenance de l’Union européenne encouragées au détriement du développement de la filière laitière locale en Afrique de l’Ouest.

Cette concurrence déloyale, trop longtemps ignorée met en péril les moyens de subsistance de millions d’éleveurs et fragilise la sécurité alimentaire de la région.

Une concurrence déloyale et ses conséquences alarmantes au Burkina Faso, au Nigéria et au Sénégal

Le lait en poudre importé, souvent subventionné et vendu à des prix défiant toute concurrence, inonde les marchés ouest-africains. Face à cette concurrence, les producteurs locaux peinent à écouler leur lait à un prix rémunérateur, ce qui les décourage d’investir et de moderniser leurs exploitations.

Cette situation entraîne une cascade de conséquences néfastes :

  • Paupérisation des éleveurs : Les revenus des éleveurs diminuent, les plongeant dans une précarité accrue.
  • Destruction d’emplois : La filière laitière locale, pourvoyeuse d’emplois, est affaiblie, entraînant des pertes d’emplois et une augmentation du chômage.
  • Dépendance alimentaire : La région devient de plus en plus dépendante des importations pour satisfaire ses besoins en produits laitiers.
  • Perte de savoir-faire : Les pratiques traditionnelles d’élevage et de transformation du lait, héritées de générations, risquent de disparaître.

Des solutions pour un avenir durable

L’étude ne se contente pas de dresser un constat alarmant, elle propose également des solutions pour inverser la tendance et assurer un avenir durable à la filière laitière locale :

  • Protectionnisme intelligent : Instaurer des barrières tarifaires (droits de douane) et non tarifaires (quotas d’importation) pour limiter l’afflux de lait en poudre importé et protéger la production locale.
  • Soutien financier aux éleveurs : Mettre en place des subventions et des incitations fiscales pour encourager les éleveurs à investir dans leurs exploitations et à améliorer la qualité de leur lait.
  • Développement des infrastructures : Améliorer les infrastructures de collecte, de stockage et de transformation du lait pour renforcer la chaîne de valeur locale.
  • Promotion du lait local : Sensibiliser les consommateurs aux avantages du lait local en termes de qualité, de fraîcheur et de soutien à l’économie locale.

Un enjeu de développement durable

Le développement de la filière laitière locale en Afrique de l’Ouest est bien plus qu’une question économique. Il s’agit d’un enjeu crucial pour la sécurité alimentaire, la création d’emplois, la préservation de l’environnement et la lutte contre la pauvreté.

Les gouvernements ouest-africains, en collaboration avec leurs partenaires européens, doivent prendre des mesures urgentes pour protéger cette filière vitale et assurer un avenir prospère aux millions de personnes qui en dépendent.

Pour en savoir plus sur l’étude et ses recommandations, consultez le rapport complet : QUELLES POLITIQUES COMMERCIALES ET FISCALES AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE DES CHAINES DE VALEUR LAIT LOCAL EN AFRIQUE DE L’OUEST ?

Source: GRET
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